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skip to content primary menu accueil linkedin twitter facebook google+ rss login le trading à haute fréquence, humain, trop humain posted on 30 juin 2013 by jg le trading à haute fréquence a-t-il institué le règne des machines sur les activités humaines dans les marchés financiers ? deux livres répondent à leur façon. l’anonyme sniper dans « 6 » y voit surtout l’aboutissement d’une longue quête technologique pour réaliser des opérations financières gagnantes à tous les coups, tandis que les journalistes frédéric lelièvre et françois pilet dans « krach machine » ont mené une enquête auprès des acteurs de cette nouvelle configuration des marchés mondiaux qui inquiète tant. le 6 mai 2010, l’indice de référence de wall street, la bourse de new york, chutait de plus de 9% en moins de 10 minutes, du jamais vu. un « flash crash », selon le jargon des traders. a cette occasion le grand public découvrait le trading à haute fréquence (hft), et le rôle prépondérant pris par les programmes informatisés qui traitent désormais près de 70% des transactions boursières dans le monde. a telle enseigne, que les régulateurs des marchés ont les plus grandes difficultés à en appréhender le développement. en effet, en moins de deux décennies, le monde de la bourse s’est métamorphosé, renvoyant à la préhistoire la célèbre « corbeille » moquée par le général de gaulle ou même gordon gekko et son gros téléphone portable, le cupide trader du film culte d’oliver stone « wall street » (1987). mahwah, centre névralgique deux livres, très différents, expliquent cette transformation. le premier s’intitule « 6 », et son auteur est anonyme. enfin, pas exactement, il s’est coulé, si l’on ose dire, dans la peau d’un algorithme, sniper, qui travaille pour la banque ubs dans le fameux hangar de mahwah, dans une banlieue de new jersey, à une quarantaine de kilomètres de wall street. car les vrais centres d’activité boursières ne sont plus installés à la city ou à wall street, qui sont juste des façades de représentation, mais dans des grands hangars de la banlieue de londres, basildon, et de new york, à mahawh. là, sont abritées des centaines d’ordinateurs et toute une infrastructure (câbles, électricité, circuit de refroidissement, normes de sécurité…) qui évoque davantage des activités militaires secrètes que la bonne vieille bourse à papa. sniper n’est pas seul, il partage ses bureaux grands comme 7 stades de football américain, même s’il n’en utilise pour sa part que quelques centimètres carrés, avec d’autres algorithmes qui répondent aux poétiques noms de guerrilla, stealth, sumo, blast, iceberg ou encore shark. des ordres passés en milliardièmes de seconde le propos de sniper est de montrer que les machines ont pris une telle prépondérance aujourd’hui dans les activités financières qu’elles sont en passe d’imposer leur propre philosophie à l’ensemble de l’économie. et pour cela, sniper évoque de façon très détaillée et précise les histoires méconnues des différents acteurs qui ont contribué depuis trente ans à ce nouvel ordre des marchés financiers. et cette configuration est condensée dans le hft. « concrètement, des machines organisent l’exécution de stratégies de négociation électronique impliquant une rotation extrêmement rapide des capitaux à l’aide de programmes qui analysent les cotations avant de détecter puis d’exploiter des opportunités de transactions en quelques millionièmes de secondes », explique sniper, voire en nanoseconde(en milliardièmes de seconde). c’est proprement inhumain. le rêve du trader de gagner à tous les coups, la machine le rend concret, en se rapprochant de l’utopie d’un espace-temps tendant de plus en plus vers l’instantané. ce faisant, sniper brosse également ce que fut le passage d’un monde boursier à un autre. comme d’autres secteurs, les marchés financiers ont fonctionné durant des décennies sur le même modèle. ainsi, la description brossée en 1894 et 1896 par le grand sociologue max weber (1864-1920) dans son petit livre « la bourse » (traduction en français, ed. allia, 2010) était toujours valable jusqu’à l’apparition des transactions électroniques et, plus récemment, du trading à haute fréquence qui a permis grâce aux avancées technologiques de complètement modifier l’organisation sociologique de la profession. et pas seulement. « les autorités publiques censées réguler les marchés financiers n’ont en réalité pas vraiment l’idée de ce qui se trame au sein de ce réseau de machines si complexe que le simple fait de le placer sous surveillance relève de l’impossible », énonce l’auteur de 6. l’argument de la liquidité du marché le deuxième ouvrage « krach machine » est une enquête plus classique de terrain réalisée par deux journalistes, frédéric lelièvre du quotidien suisse « le temps » et françois pilet de l’hebdomadaire suisse le matin dimanche. nos confrères sont allés à la rencontre de l’ensemble des acteurs œuvrant tant du côté des marchés financiers que de ceux qui veulent les encadrer. vivant, le reportage restitue la dimension humaine de cette transformation, et s’avère le complément de « 6 », ou vice-versa. car les motivations des opérateurs de marché demeurent identiques, même si la technologie rend l’exercice plus technique. ainsi, en est-il de la liquidité – le fait qu’un titre sur le marché trouvera un acheteur ou un vendeur le plus rapidement possible – qui assure un bon fonctionnement du marché, et évite sa manipulation. depuis des années, c’est d’ailleurs l’argument qui revient comme un leitmotiv des promoteurs de ces plateformes de transactions électroniques qui ont finalement détrôné les grandes places traditionnelles et précipité la consolidation du secteur (la fusion des bourses de paris, new-york et amsterdam en est un exemple). « krach machine » montre combien la sociologie des marchés a évolué avec l’arrivée d’un nouveau profil de traders : scientifique de haut vol plutôt que joueur. ces nouveaux traders, recrutés à prix d’or, sont en effet capables d’élaborer les algorithmes – ces suites d’opérations et de calculs complexes -, dont la bonne combinaison réalisera sur le marché des opérations bénéficiaires. evidemment, ces algorithmes se livrent une concurrence acharnée pour être le meilleur, c’est-à-dire bien souvent le plus rapide. et font même l’objet de vols, comme l’illustre le cas de sam agrawal, dont les auteurs racontent l’histoire. revenir à la seconde comme unité maximale du temps boursier ? l’autre intérêt du livre de frédéric lelièvre et françois pilet est de se pencher sur les réponses à apporter au risque de déstabilisation des « flash crash ». les autorités des marchés financiers se sont penchées sur le problème. parmi les pistes, l’interdiction d’annulations d’opérations en un temps record, qui créent une distorsion de l’information, ou alors le retour à la seconde comme unité maximale de temps du trading. d’autres se focalisent moins sur le hft, qui « n’est pas une stratégie mais une technologie ». de fait, ils étudient davantage des pistes sur les prix des transactions – plus les plateformes ont un volume de transactions élevé, plus elle peuvent baisser le coût unitaire -, en terme de fourchette, pour éviter que les ordres soient passés via des plateformes non réglementées, de gré à gré (otc). ainsi en europe la directive concernant les marchés d’instruments financiers (mifid) pourrait faire l’objet d’amendements notamment par la préconisation de l’extension du dispositif prévu pour les marchés encadrés à ceux de gré à gré, pour « faire en sorte que les marchés financiers, et en l’occurrence les hf-traders, apportent des services au reste de l’économie et non le contraire », confie aux journalistes suisses markus ferber, le rapporteur du projet au parlement européen. « ils ne savent pas quoi faire d’autre » ces réponses à la révolution apportée par le trading à haute fréquence sembleront bien trop modestes à ses détracteurs, inquiets du pouvoir menaçant pris par les machines. pourtant, davantage que les al